Conscription   



Recrutement et conscription

 

     L’idée est d’avoir recours à la conscription pour donner à l’armée les moyens en homme qu’elle réclame remonte à la révolution.

Cette initiative est prise en des circonstances difficiles, en un moment où la patrie étant déclarée en danger, tous citoyens en âge de porter les armes doivent se consacrer à la défense, tant aux frontières qu’à l’intérieur, notamment contre l’insurrection vendéenne.

 

     Dés le début de la révolution , l’armée connaît des problèmes d’effectifs et d’encadrement, de nombreux officiers royaux ayant émigré et les désertions ne cessant de se multiplier pour atteindre, pendant la première moitié des années 1790, près de 50000 hommes.

Confronté à une telle hémorragie, les dirigeants révolutionnaires, faisant appel au patriotisme de la population, instituent un système de volontariat, qui permet de recruter 100000 hommes en 1791 et 30000 autres l’année suivante.

     Mais cette source finissant par se tarir assez vite la contrainte cède la place à la bonne volonté.

 

     Aussi, en août 1793, la convention décide de s’orienter vers la levée en masse, impôt du sang obligatoire à verser au pays, qui porte sur tous les hommes célibataires ou veufs âgés de dix-huit ans et n’ayant pas d’enfant à charge.

La patrie en danger parvient de cette manière à constituer une armée comme la France et aucun autre pays d’Europe n’en a rassemblé, soit plus de 800000 hommes.

Une armée issue du peuple, motivée par un vif sentiment national qui se mesure aux troupes de métier.

A l’initiative du général Carnot, l’organisateur de la victoire, les nouvelles recrues sont mélangées avec les soldats de métier, dans le cadre de ce que l’on appelle l’amalgame.

 

La conscription.

 

     La conscription, c’est à dire l’obligation militaire, n’est finalement adoptée qu’avec la loi Jourdan-Delbrel, du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798), quasiment à la fin de la période révolutionnaire.

     Napoléon, en tant que Premier Consul, Consul à vie et Empereur des français, dispose là d’un instrument bien adapté aux besoins de ses armées.

Aussi, à quelques exceptions près, n’estime pas nécessaire de modifier le système établi par ses prédécesseurs et il reprend les grandes lignes de la politique de recrutement suivie sous la révolution.

La conscription reste donc de rigueur tout au long du premier empire, mais son application suit les fluctuations de la guerre et se calque sur les besoins sans cesse plus que croissants en effectifs.

     Ainsi tous les jeunes gens non mariés, ayant entre vingt et vingt-cinq ans, sont-ils astreints à un service militaire obligatoire de quatre ans.

Mais ce ne sont que là des principes, la réalité étant fort différente.

Au départ, seule une fraction des classes d’âge mobilisables est appelée à faire son service militaire.

Pour se faire, il est procédé à un tirage au sort, qui donne naissance à de nombreux abus, puisque ceux qui sont sélectionnés, à condition d’en avoir les moyens financiers, peuvent prendre les services de remplaçants.

      Mais, à partir de 1802, des règlements beaucoup plus draconiens tendent à limiter cette façon de procéder.

 

     L’extension des opérations militaires et la nécessité d’engager des effectifs de plus en plus considérables, sans parler des pertes de plus en plus importantes, conduisent à une véritable inflation dans la politique du recrutement.

Ces besoins sont tels que , à partir d’une certaine époque, il faut non seulement faire appel à des contingents étrangers, mais aussi appeler sous les drapeaux tous les jeunes gens mobilisables, même ceux qui ont échappé au tirage au sort les autres années et maintenir à leur corps les soldats qui ont dépassé leur temps normal de service.

Sur l’ensemble du Premier Empire, près de 2,5 millions d’hommes, dont les trois quarts sont français, sont mobilisés par Napoléon parmi la population européenne.

 

     La conscription, système commode au demeurant, est certes abolie par la Charte de 1814, mais la monarchie s’empressera de la rétablir en 1818.

 

 

Causes de réforme.

 

     C’est en 1793 (15 brumaire an II) que la convention fait dresser par le conseil de santé le premier tableau des causes de réformes.


     Ce tableau élaboré durant plus de six mois est publié le 5 novembre 1793.


Huit membres du conseil de santé le signe avec Coste et Dezoteux.


Il s’agit de : Bayen, Chevalier, Daignan, Dubois, Hego, Heurteloup, Lassis et Parmentier.


Ce tableau se présente comme suit:


 


Classification

 

   A

1. La perte de la vue

2. Celle de l’œil droit

3. Le défaut de la vue de voir les objets trop en delà ou en deçà de

    La portée ordinaire.

   B

1. Le polype incurable

2. L’ozène (punaise)

   C

 

Le défaut des dents incisives et canines

D

1.      La surdité

2.      La dureté de l’ouie.

E

1.      Les goitres considérables

2.      Les écrouelles confirmées

3.      La phtisie laryngée (l’extinction de la voie invétérée 

F

1.      La phtisie pulmonaire

2.      L’asthme humide

3.      L’asthme nerveux

4.      Le crachement périodique de sang

5.      La gibbosité antérieure et postérieure qui

      gênent la respiration

G

1.      Les exomphales

2.      Les hernies ventrales

3.      Les hernies inguinales irréductibles

4.      La suppression périodique d’urines

5.      Les incontinences d’urine invétérées

6.      Le pissement périodique de sang

7.      La gravelle

8.      Le calcul

9.      Les hémorroïdes ulcérées

10. Les hémorroïdes invétérées

11.  La phtisie dorsale

12.  La sciatique invétérée

H

1.      Les anévrismes

2.      Les varices volumineuses

3.      Les varices multiples

I

 

Les vieux ulcères considérés comme incurable

J

1.      La perte d’un membre

2.      La perte de l’un des deux pouces

3.      La perte de l’index droit

4.      La perte de l’index gauche et du médius gauche

5.      La perte de l’un des gros orteils

6.      La perte de deux doigts du même pied

K

1.      La perte irrémédiable du mouvement d’un membre

2.      La perte du mouvement de l’un des deux pouces

3.      La perte du mouvement de l’index de la main droite

4.      La perte du mouvement de l’index et du médius de la

       main gauche

5.      La difficulté incurable de les mouvoir, comme après une fracture, luxation, ankylose, carie, calus ulcéré, cicatrice adhérente.

L

1.      Le raccourcissement d’un membre

2.      La claudication

M

 

La difformité d’un membre capable de gêner la marche, le maniement de l’arme, l’équitation.

N

1.      La teigne

2.      Les dartes étendues et invétérées

3.      La lèpre

4.      La transpiration fétide

O

 

 

Le scorbut caractérisé

P

 

 

Les convulsions générales ou partielles reconnues incurables

Q

1.      L’Épilepsie

2.      La démence

3.      La manie


 

Comment échapper à la conscription sous l'Empire?

Se marier; mariage précipité, légal ou blanc, est le principal artifice utilisé.

Avoir un enfant; aprés 1809, le mariage n'est plus un recours, mais un enfant oui.

Tirer un bon numéro ou échanger son numéro; les numéros les plus bas sont synonymes de conscription.

Se faire remplacer; trouver un remplaçant moyennant finance.

Changer d'identité;  les nombreuses erreurs des registres paroissiaux ou d'état civil facilitent les choses.

Changer de résidence;  certains fils cachés lors d'un changement de village.

Etre de petite taille

Etre inapte médicalement

Simuler une maladie ou infirmité;  par exemple la folie, les rhumatismes,

le bégaiement, la surdité, l'épilepsie.

Se mutiler;   en surinfectant volontairement des plaies, 

                                                  en se coupant un ou plusieurs doigts ou se faire arracher des dents                                                

Exercer un métier jugé nécessaire à l'effort de guerre;  boulanger, charretier, atelier d'armement

Se faire embaucher

Fuir avant l'incorporation

Déserté; mais risquer la peine de mort.

 

Tous passent sous la toise.

Elle porte deux index: l'un à 1,488 mètre, l'autre à 1,542 mètre.

Au-dessous du premier c'est l'inaptitude absolue et définitive au service; de 1,488 à 1,542 mètre, c'est l'ajournement jusqu'à 20 ans révolus date où ils sont libérés ou l'admission des jeunes gens de robuste apparence; au dessus de 1,542 mètre, on déclare le conscrit bon pour le service.

Quand à la répartition des conscrits dans les diverses armes, elle est faite d'après les règles admises et la taille.

  • 1,785 m: rejoignent les carabiniers et les cuirassiers
  • 1,731 m: la jeune garde (tirailleurs et voltigeurs)
  • 1,690 m: l'artillerie
  • 1,677 m à 1,649m: la cavalerie légère
  • ceux qui sont au-dessous rejoignent l'infanterie, le génie et le train.

 

  



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