Les maladies de l'Empire   



On imagine surtout les secours aux blessés jusque sous le feu de l’ennemi comme voulait Larrey quand on pense aux officiers de santé des armées de la République. Les officiers de santé devaient également se préoccuper des galeux et des vénériens tant ces malades étaient présents.

La gale allait toucher un dixième des troupes en campagnes.Si beaucoup de soldats la traitaient avec mépris, des grattages et une absence totale d’hygiène entraînaient des gales compliquées.

Bien que la contagion fut admise, les fiévreux, galeux et vénériens étaient entassés dans les mêmes salles voir dans les mêmes lits, comme s’en indigna Coste en 1790 à Verdun.

Il importait d’éviter la répercussion de l’humeur galeuse par remèdes généreux, saignées, purgatifs et tisanes dont se moquera Percy. C’est seulement après que l’on passa à l’usage des topiques, eau de Goulard, onguent citrin ou mercuriel. Quand la composition soufre, potasse paraffinée et axonge sera connue, on tiendra un remède efficace mais la routine restera la plus forte.

Plus grave encore étaient les maladies vénériennes qui représentaient le quart des maladies des militaires. Le nombre était d’autant plus élevé qu’un grand nombre de femmes suivaient les armées.

L’époque révolutionnaire connut de terribles épidémies.

Les blessés succombaient à la pourriture d’hôpital, au tétanos ou à la gangrène gazeuse.

Les fiévreux, nom sous lequel étaient désignés les malades, étaient l’objet d’une effroyable mortalité.

La désinfection des locaux se faisait encore par arrosage des sols avec du vinaigre antipestilentiel, le fameux vinaigre des quatre voleurs et par fumigations de vinaigre et d’herbes ou de baies odorantes. Pourtant, dès 1773, Guyton de Morveau avait prouvé l’efficacité des fumigations d’acide muriatique comme moyen de désinfection.


Le Typhus

 

     Le typhus épidémique est du à Rickettsia prowazekii.

Il est transmis par les déjections des poux de corps, par contact avec le sang des lésions de grattage dues au prurit déclenché par les piqûres, ou par voie conjonctivale ou respiratoire.

     Les facteurs favorisants sont ceux conditionnant le parasitisme de l’homme par les poux : le froid, la pauvreté et le manque d’hygiène.

     L’incubation dure une semaine environ et le début est brutal.

     L’invasion associe un frisson solennel à des céphalées intenses, des myalgies et une fièvre à 40°.

Une éruption maculo-papuleuse apparaît ensuite dans 20 à 60% des cas.

Les complications neurologiques et cardiaques font la gravité de la maladie et 30% des patients décèdent.

     La maladie s'empare de la Grande Armée dès le début de ses conquètes.

Elle la suit quand elle avance et ne la lâche pas quand elle retraite.

     L'armée impériale remporte à Austerlitz une victoire mémorable, mais elle est victime du typhus qui se déclare dans les hôpitaux de Brunn remplis de blessés d'Austerlitz et se propage ensuite avec les évacués, et jusqu'en France avec les prisonniers.

Des officiers de santé en sont aussi les victimes.

On a dit, depuis, que le soleil d'Austerlitz avait empêcher de voir l'horreur des hôpitaux de Brunn.

Première cause de mortalité au sein des armées surtout aprés 1812.

On assiste ensuite à des poussées sporadiques de typhus pendant toutes les campagnes impériales.

Mais la maladie, activée par les conditions d'hygiène, la fatigue, et les états de dénutrition s'étant de nouveau sur une grande échelle pendant la campagne de Russie;

On estime à 300000 morts pendant la campagne de Russie dont environ 80% par le typhus et prendra de l'ampleur en 1813.

Au cours de la campagne de saxe, en 1813, le typhus continue ses ravages en trouvant un terrain favorable à son extension dans la nouvelle armée formée avec les "Marie-Louise"de 1813, jeunes gens sans résistance physique.

Le reste de l'armée propagent la maladie à Leipzig, puis à Mayence où le typhus entre avec les derniers soldats encore valides le 1er octobre 1813.

Là, sur les 4500 malades hospitalisés dans les hôpitaux de la ville plus d'un quart meurt du typhus.

Au même moment, d'après Desgenettes, d'octobre 1813 à janvier 1814 la garnison de Torgau forte de 25000 hommes en perd 13448 sans avoir l'occasion de tirer un seul coup de fusil.

     De Mayence, le typhus pénètre de nouveau en france où il se propage pendant quelque temps dans la population civile.

 

 

La Fièvre Jaune.

 

     De larges épidémies affectèrent l’Amérique tropicale aux XVII, XVIII et XIX siècles et en firent la maladie la plus redoutée des Amériques.

     La fièvre jaune est une maladie virale qui fut décrite pour la première fois au milieu du XIIe siècle.

     Les manifestations cliniques de l’infection peuvent aller de symptômes bénins à une maladie grave potentiellement mortelle.

Le qualificatif « jaune » s’explique par l’ictère qui s’observe chez certains malades.

     Le virus reste bien silencieux pendant une période d’incubation de trois à six jours.

La première phase est normalement caractérisée par de la fièvre, des douleurs musculaires, surtout dorsales, des céphalées, des frissons, une anorexie, des nausées et des vomissements. Souvent, la fièvre élevée est paradoxalement associée à un ralentissement du pouls.

Au bout de trois à quatre jours, la plupart des malades voient leur état s’améliorer, avec disparition des symptômes.

Chez 15 % d’entre eux, la maladie entre ensuite dans une phase toxique dans les 24 heures. La fièvre réapparaît, il devient rapidement ictériques, souffre de douleurs abdominales accompagnées de vomissements. Des hémorragies peuvent se produire au niveau de la bouche, du nez, des yeux et de l’estomac.

     La moitié des malades en phase toxique meurent au bout de 10 à 14 jours.

     La fièvre jaune sévit en octobre 1812 dans la population civil des régions de Ziesar et de Jumilla.

L'armée d'Espagne en retraite s'y contamine et propage la maladie à Yecla.

Sous la direction de Gama, alors médecin principal, les mesures prophylactiques qui sont prises (ouverture d'un lazaret, incinération de tout objet ayant été en contact avec un malade, isolement des régiments ayant transité en zone contaminée) viennent à bout rapidement de l'épidémie.

On compte, d'après Gama, une soixantaine de cas dont quatre seulement guérirent.

 

Jean, Pierre Gama (1775-1861)

 

 

 

 

L’ophtalmie endémique.

 

     Les yeux ayant été frappés tout à coup de l’ardente lumière du soleil, soit direct, soit réfléchie par le sol blanchâtre de l’Égypte, sont les premiers ressenti.

     Les symptômes présents sont l’engorgement des paupières, de la conjonctivite, et quelques fois des tuniques de l’œil, douleurs locales extrêmement forte par le malade à la présence de grains de sables, obscurcissement de la vue, et impossibilité de supporter la lumière vive.

A ces premiers symptômes succèdent bientôt de violentes douleurs de tête, des vertiges, de l’insomnie.

Le peu de larmes qui sécrètent sont âcres, irritent les paupières et les points lacrymaux.

Tous ces symptômes peuvent s’aggraver et sont fréquemments suivis de la fièvre et quelquefois de délire.

Des ulcérations peuvent s’étendre sur la conjonctive en attaquant la cornée et souvent la perfore.

     Le traitement est relatif à chaque espèce d’ophtalmie et aux principaux effets qui en résultent.

Lorsqu’elle est inflammatoire, une saignée aux veines du cou, du bras ou du pied, convient dans un premier temps qu’il faut réitérer selon l’état de pléthore du sujet et l’intensité de l’inflammation. Ensuite on se servira de sangsues sur les tempes au plus prêt de l’œil.

     A ce premier moyen, on fait suivre les bains de pieds. On dirige sur l’œil malade les vapeurs d’une décoction bouillante et substances émollientes et anodines.

On fait les lotions avec une forte décoction de graines de lin, de têtes de pavot et de safran oriental.

Une étoupade de blanc d’œufs battus avec quelques gouttes d’eau de rose, quelques grains de sulfate d’alumine et de camphre, appliquée le soir sur les yeux, calme la douleur et diminue l’inflammation.

A mesure que l’inflammation diminue, on ajoutera aux collyres quelques gouttes d’acétite de plomb ou une légère dissolution de muriate oxygéné de mercure et de sulfate de cuivre.

     Lorsque la guérison est commencée, on se sert d’une décoction d’écorce de grenade ou d’une légère dissolution de sulfate de zinc.

 

 

Le Scorbut

 

     Le scorbut est une maladie provoquée par une carence alimentaire en vitamine C.

La maladie apparaît surtout chez la population déficiente en aliments frais, surtout les légumes et les viandes.

     La carence en vitamine C accompagne les guerres et les famines, mais on l’associe plus fréquemment aux explorations européennes de l’époque suivant la renaissance, surtout les voyages en mer.

 

     L’absence en vitamine C provoque la dégradation de la fonction de liaison de ces tissus, produisant une série de signes et de symptômes caractéristiques : faiblesse, léthargie, irritabilité, anémie, gencives spongieuses violacées qui saignent facilement, déchaussement des dents, vieilles cicatrices qui se rouvrent (incluant les fractures) et hémorragies au niveau des muqueuses et de la peau.

Dans les cas les plus graves, le taux de mortalité est élevé.

     Ce n’est qu’en 1795 que la marine royale tiendra compte des conseils que un chirurgien James Lind à décrit dans son livre en 1753, A Treatise of the scurvy , dans l’utilité des agrumes pour traiter et prévenir le scorbut pendant les voyages en mer.

 

 

 

La Variole.

 

     La variole est une maladie infectieuse éruptive redoutable.

En 1798, le médecin anglais Edward Jenner publie les résultats de son expérience au cours de laquelle il pratique la première vaccination officielle.

     La variole est due à un virus du groupe des poxvirus.

 

     La contamination se fait par contact direct rapproché.

Il est décrit de manière exceptionnelle des contaminations indirectes par objets contaminés.

On distingue deux types de variole, majeure et mineure et se présentent sur plusieurs phases.

§         La contamination

§         L’incubation (8 à 10 jours)

§         Phase pré-éruptive, température élevée, des vomissements, un délire.

§         Eruption : éruption cutanée

 

Il n’existe à ce jour pas de traitement curatif contre la variole. La seule possibilité

 de lutte contre la variole est la vaccination.

 

 

 

La  Dysenterie

 

     La dysenterie est transmise par les eaux souillées.

Elle provoque des diarrhées sanglantes et décès par déshydratation.

 

La Dyphtérie ou croup.

 

     C'est une maladie qui évolue par mode épidémique et touche surtout les enfants.

Le premier cas d'étude épidémiologique sur la maladie a été fait suite à la mort du neveu de Napoléon, Louis Bonaparte, qui devait être le successeur de Napoléon.

 

 

La Peste.


 

     Elle ne se trouve pas encore en Europe sous l'empire mais a été rencontrée par les armées pendant la campagne d'Egypte.

Son ampleur est tellement importante qu'elle est l'une des causes de l'arrêt de l'extension vers la Syrie.

     L'armée été terrifiée par cette maladie.

Desgenette s'est innoculé le contenu d'un bibon de la peste.

Afin de rassurer son armée, Napoléon aurait visité et touché les pestiférés.

                          

 Desgenette s'innoculant le contenu d'un bibon

 

 

Le Palludisme.

 

     Cette maladie sévi surtout dans les régions marécageuses du sud de la France.

Napoléon fut victime lui même du palludisme quand il était Lieutenant d'artillerie. Il connaissait l'effet du mauvais air et insista pour que ses troupes soient toujours placées en dehors des marécages.

 

 

Les Dermatoses.

 

     Les dermatoses ne sont pas des maladies mortelles, mais sont de véritables plaies dans les ramées napoléoniennes.

Piqures d'insectes: puces, aoutats, les pouls, la gale.

Le traitement au mercure est proposé, mais provoque des lésions chroniques avec un eczéma chronique pour le traitement de la Gale.

 

 

 

     La syphilis, qui est une maladie connue sous l'empire romain et dont son mode de contagion est également bien connu.

 



Image de la Syphilis secondaire et tertiare.

 

     Le Sicosys de la barbe causé par un champignon (Trychophyton).

 

 

                              

 

La Fièvre des hôpitaux.

 

     Cette maladie est causée par la mauvaise hygiène des hôpitaux.

Elle est responsable en partie de la grande mortalité.

      Pour la première fois appelée sous le terme "Nosocomial" par le chirurgien Percy.

 

 

 

 

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